Depuis le 12 octobre, et encore pour quelques semaines, nous pouvons entendre à la radio des spots publicitaires assez curieux.
En effet, Éric Woerth, ministre du Budget, des comptes publics, de la Fonction publique et de la réforme de l’État (rien que ça !), et Pierre Burban, président du Conseil d’administration de l’Acoss (caisse nationale des Urssaf), ont lancé la première campagne de sensibilisation du grand public aux risques liés aux fraudes fiscales et sociales.
Et quelle campagne ! Celle-ci illustre par des cas concrets le danger des attitudes trop complaisantes vis à vis de la fraude dite « ordinaire » en insistant lourdement sur le fait que les fraudeurs portent atteintes aux valeurs de solidarité de toute notre société. Les gentils pouvoirs publics, quant à eux, se mobilisent contre la fraude « parce qu’agir contre la fraude, c’est agir pour plus de justice ».
Dix spots sont ainsi diffusés depuis la mi-octobre sur les grandes radios généralistes. Les thématiques abordées sont celles du travail dissimulé, des fraudes fiscales et des fraudes aux prestations sociales et se retrouvent toutes illustrées de manière grand-guignolesque : celui ou celle qui refuse légitimement de frauder s’oppose en effet à un mauvais génie et amène ainsi l’auditeur, considéré une fois de plus comme un véritable benêt, à prendre conscience de l’enjeu car « frauder, c’est perdant pour tout le monde ».
Mais bien curieuse leçon de moralité que celle visant à toujours culpabiliser les mêmes personnes.
Aussi, ne me semble t-il pas inutile de rappeler que pendant que le Pouvoir se livre à quelques cours d’éducation civique sur les ondes, les révélations concernant l’Angolagate continuent d’éclabousser nos anciens dirigeants ; les soupçons d’une responsabilité de notre classe politique dans les attentats de Karachi se font de plus en plus sérieux ; l’incompréhension la plus totale règne concernant les tenants et les aboutissants de l’affaire Clearstream ; notre ministre de la culture plaide pour les rapports sexuels avec les « éphèbes » de… 40 ans (sic !) ; le fils du Président tente désespéramment de se trouver un strapontin au soleil tandis que son père fait installer une douche de plus de 245 000 € au Grand Palais, aux frais du contribuable bien sûr, dont il ne se servira même pas. Mais, ne soyons pas mauvaise langue, peut-être cette dernière va-t-elle servir à laver tous les amis de ce même Pouvoir qui se sont exilés fiscalement en Belgique ou en Suisse…
Bien évidemment, pas un mot sur toutes ces dérives, la remise en question ne semblant pas être la qualité principale de ces hypocrites donneurs de leçons. Les français, quant à eux et malgré le fait qu’ils soient pourtant honnêtes dans leur très grande majorité, semblent condamnés encore longtemps à devoir subir les leçons de morales et de vertus prodiguées par des personnes auxquelles ces mêmes principes sont totalement étrangers…
Cependant, la question se pose : quelles sont les personnes les plus « nuisibles » à notre société ? Qui sont véritablement les ennemis de la République ? Les boucs émissaires habituels ? Ou plutôt les hommes et les femmes qui se jettent sur cette République tels des sangsues, vidant cette dernière de son sens et de ses valeurs pour pouvoir repaître leurs petites ambitions personnelles, quitte à ôter toute exemplarité au champ politique, c’est-à-dire là où nous en avons pourtant le plus besoin ?
A méditer…
Par Philippe Julliard, Conseiller National DLR